Chers lecteurs,
Je vous retrouve dans cette rubrique avec la gagnante du concours de la Backstory de la 5e année WoP : Alice Pauline Madoqua. Une histoire écrite en de nombreux chapitres.
Oui faut scroller mais c'est pas faute d'avoir essayé quelques trucs ^^"
Félicitation à Alice et bonne lecture :)
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à vos risques et périls si vous voulez lire ça, ce n'est pas la version définitive.
PROLOGUE : La famille d’Alice

Les Corbin/Madoqua, c’est avant tout une famille de dingues. Le Choixpeau a définitivement quelque chose contre eux, ou alors ils se ressemblent tellement qu’il les a confondus. En effet, il y a quelques légers problèmes avec les maisons où ils ont été répartis.

Déjà, à la base de la famille, y a la fratrie. Ils sont quatre. Quatre enfants aux prénoms issus de livres, deux filles, deux garçons, deux Corbin, deux Madoquas. Comme les quatre saisons, les quatre éléments, les quatre maisons de Poudlard, à la fois si différents et complémentaires.

Cet arbre à l’équilibre fragile a commencé avec l’aîné, Soren Corbin, du nom de son père. Soren, c’est un hibou dans une histoire. Soren, c’est un Gryffondor qui n’a jamais compris comment le Choixpeau avait pu faire l’erreur de l’envoyer là-bas. Il est intelligent, solitaire, et passe sa vie à lire, en bref, aurait fait un parfait Serdaigle. Soren a hérité des cheveux blonds de son père, a les yeux bruns sombre et est plutôt grand en taille.

Il ne s’est jamais habitué à Gryffondor. En septième année, plein d’amertume et de remords, sa sœur ayant été là où il n’avait pas pu aller, c’est-à-dire à Serdaigle. Il avait passé sa colère sur elle toute l’année.

Il la détestait littéralement. Sa petite sœur de 11 ans, qui avait réussi là où il avait échoué, qui avait trouvé sa place. Une sœur en apparence heureuse, et lui, seule, détestant sa maison. Toute la rancœur de sa scolarité, ce poids qu’il avait toujours trainé, remettant la faute sur le Choixpeau, il le déversait maintenant sur la jeune Serdaigle.

Ce n’est qu’une fois sortie de Poudlard qu’il a pu se remettre en question. Il a essayé différentes formations, avant de péter un plomb, d’en avoir marre des études et de vouloir travailler directement. Il a réussi, au terme de plusieurs mois de recherche, à se faire embaucher comme vendeur de livres à la librairie Fleury et Bott.

Sa colère contre Alice s’est dissipée comme un poison qui s’évapore, et il tente maintenant de la protéger, de l’aider et de se rattraper. Alice mettra du temps avant de lui pardonner, et ils retrouveront petit à petit leur ancienne relation, malgré un malaise et des non-dits toujours trop présents.

Ensuite vient Alice. Alice Madoqua, le nom cette fois de sa mère. Quant à son prénom… Devinez. Alice au pays des merveilles, évidemment. Elle a été envoyée à Serdaigle. Le seul commentaire du Choixpeau avant d’annoncer ce choix ? « Désolé pour ton frère. Transmets-lui mes amitiés. Qu’il vienne me voir un de ces jours. » La plupart des personnes de la salle applaudissaient. Son frère y compris, une larme amère au coin de l’œil, le regard si froid fixé sur sa sœur, tapant ironiquement des mains, un sourire de dégout plaqué sur les lèvres. Alice ne lui a jamais parlé du message du Choixpeau. Elle se souviendra toute sa vie de cette vision de son frère, lui glaçant encore le sang chaque fois qu’elle y pense. Même une fois que Soren eut arrêté de lui en vouloir pour ça, elle s’est senti mi-coupable mi-rancunière pendant presque un an, jusqu’aux vacances après sa 2e année. C'est à ce moment qu'elle a arrêté de lui en vouloir, qu'ils ont mis les choses au clair et les compteurs à zéro, durant un voyage en Islande. Les kilomètres en vélo avaient permis de dissiper toutes sortes de tensions qui trainaient dans l’air depuis trop longtemps.

Alice, elle a eu droit pratiquement au contraire de son frère, niveau physique….Petite taille, yeux noisette, cheveux bruns… C’est celle dans la famille qui a l’air la plus jeune, même si elle est plus grande que les jumeaux.

Un an plus tard, la boucle est bouclée, les plus petits sont nés. Eglantine Corbin, qui déteste qu’on l’appelle comme ça, préférant, sans majuscule et avec un accent s’il vous plaît. Issue de la même histoire que celle de Soren, elle y est sa petite sœur. On ne peut pas parler de l’une sans parler de l’autre, car les jumeaux sont inséparables : Stan Madoqua. Stan, pas un diminutif de Stanley ou d’un autre prénom. Stan tout court. Tous les deux aux cheveux d’un brun tellement sombre, que Stan porte longs et Eglantine courts. Heureusement, car dans le cas où ils auraient la même coupe, il serait parfois difficile de les différencier.

Ils sont mi- fusionnels, mi- complémentaires. Leur relation est extrêmement difficile à définir, même eux ne s’y risquent pas. Ils partent souvent de la maison pour de longues journées de marche, quelquefois accompagnés d’Alice. Ils ont déjà proposé plusieurs fois à Soren de les suivre, mais il a toujours refusé net. Leurs parents n’ont jamais été conviés à leurs expéditions, mais vu que les alentours ne présentent pas de dangers, qu’ils sont toujours revenus vivants et s’y connaissent beaucoup dans ce domaine, ils les laissent partir sans inquiétude. Ils ont certaines habitudes qui leur donnent des petits airs de jumeaux de cliché total. Ils finissent les phrases l’un de l’autre, sont soudés et protecteurs, passent leur temps à deux, entre disputes violentes et réconfort et amitié. Toutefois, lorsque la personne qui s’oppose à l’un d’eux est extérieure à leur duo, elle rencontrera la résistance farouche de deux personnes.

Et puis, l’histoire aime à se répéter dans cette fratrie. De nouveau, le Choixpeau a fait ce qu’il n’aurait pas dû faire. Il les a séparés. Eglantine à Serpentard, Stan à Poufsouffle. Ce qui a eu pour conséquence de les détacher énormément de leurs maisons et de leurs camarades. Ils passaient le plus de temps possible à deux, fuyant littéralement leurs dortoirs et salles communes. Ils s’intégraient plutôt bien parmi les étudiants, se trouvant assez vite de petits groupes d’amis. Quant aux cours, c’était une autre affaire… Tant Alice et Soren étaient doués en classe, tant Stan et Églantine séchaient les cours et étaient « impertinents et démotivés » d’après leurs professeurs. Mais à part en potion et en DCFM, leurs cours communs, où ils excellaient tous les deux.

Pour continuer ainsi le tour de la famille, nous devons parler d’Abigail, mère de tout ce beau monde. Étudiante de Durmstrang, elle a grandi en Estonie, dans une famille de sang-pur. Ainée d’une fratrie de 7 enfants, elle a eu bien vite beaucoup trop de responsabilités sur le dos, jusqu’à ses onze ans. L’école, elle le vivait comme des vacances. Elle avait enfin du temps pour elle.

Elle était une excellente élève, extrêmement douée en Quidditch, en sortilèges et en magie noire, l’une des matières enseignées à l’école. Oui, magie noire. C’est ancré dans son éducation, la magie noire est une bonne chose, et la pratiquer est une fierté. Elle a mis des années à s’en débarrasser et à obtenir un certain esprit critique par rapport à ça.

Une fois le changement survenu, une fois qu’elle eut ouvert les yeux, sa vie s’est littéralement retournée. Elle qui était influençable, elle n’a plus écouté personne. Elle a fui, lâchement, laissant tomber six de ses frères et sœurs, emportant avec elle une partie du trésor familial, et la plus petite de la famille, Nayna, ayant 17 ans de moins qu’elle. Sa famille n’a pas tenté de la retrouver, car ils auraient dû avouer aux autres familles de sang-purs du pays la trahison de leur plus grande fille, celle parmi leurs enfants qui faisaient leur fierté. Ils ont préféré prétendre à un accident, et dire préférer un enterrement en toute discrétion. Quelques sortilèges d’oubliettes, un brin de relations au ministère, et l’existence même d’Abigail et de Nayna était oubliée.

Après plusieurs jours de transplanages d’escorte, réalisés de façons espacées dans le temps et sur de petites distances, pour qu’Abigail soit sûre de ne pas se désartibuler ou de ne pas perdre une partie des bagages, et surtout pour ne pas brusquer la petite, elles raillèrent enfin l’Angleterre. Avec l’argent disons… Empruntée définitivement sans autorisation à sa famille, elle a réussi à se trouver un appartement, en bordure de Londres, pas trop loin de chez Eloan. Elle a d’abord géré à la fois sa sœur, ses études et ses petits boulots, avant que le frère d’Eloan accepte de s’occuper de la petite, pour décharger un peu les épaules d’Abigail. 4 ans après la naissance de Soren, elle a terminé ses études pour devenir médicomage, et a trouvé un travail à l’Hôpital de St mangouste.

Vous vous demandez qui est cet Eloan dont l’on parle. Né-moldu à la vie parfaite complètement clichée, Eloan Corbin a étudié à Poudlard, tombant à Poufsouffle. Élève gentil, joyeux, faisant preuve de bonne volonté à tous les égards et adorant particulièrement s’occuper des hiboux, Eloan s’émerveillait sans cesse de tout ce qu’il voyait de la magie. Un jour, un vieux hibou fatigué et un peu idiot arriva à la volière de l’école. Eloan, ne le connaissant pas, a tenté de lui faire reprendre des forces. Il transportait une missive, que le garçon, trop curieux, a ouverte pour comprendre d’où venait le hibou. C’était une lettre d’une élève de Durmstrang, apparemment adressée, dans le cadre d’une correspondance interécoles, à un élève d’Ilvermorny. Le hibou s’était à peine trompé de quelques milliers de kilomètres, ce n’était pas la mer à boire…

Mais l’océan à traverser ! Ce hibou en était totalement incapable. Ainsi, après avoir soigné le hibou, Eloan le renvoya avec une lettre pour expliquer tout ça. Et c’est comme ça que débuta une correspondance, pas totalement celle qui était prévue au départ, assez risquée pour l’un et l’autre, mais qui avait au moins l’avantage d’être moins éreintante pour le hibou.

Pendant près de deux ans, ils s’envoyèrent des lettres, discutant de tout et de rien, se soutenant dans leurs galères respectives, s’envoyant parfois des écrits d’une dizaine de pages, confidents se faisant confiance à 100% sans toutefois ne s’être jamais vu. Bien sûr, comme partout, des gaffes, des erreurs, des moments sans aucune nouvelle, des silences, des mensonges, des doutes… Mais chaque fois, les problèmes ont été rapidement résolus, car ils tenaient et avaient beaucoup trop besoin l’un de l’autre pour s’en vouloir longtemps. Abigail maniant les mots comme des couteaux et Eloan les faisant glisser et virevolter vers la terre comme des feuilles sous la force du vent, ils formaient un duo parfait. Et puis un jour, au fil des discussions, ils en vinrent à parler des types de magie. C’est le déclic qui manquait à Abigail, ce qui l’a fait fuir, ce qui l’a fait abandonner ses frères et sœurs, ce qui l’a fait changer de pays, de nom, de vie.

Ensuite, petit à petit, pas à pas, leur relation s’est changées vers plus que de la simple amitié, s’est transformées en amour. Ils ont emménagé ensemble, dans une petite maison, au fin fond de l’Angleterre... Le fond de leur jardin servait de relais pour les hiboux, et au vu de la mort de l’ancien propriétaire, grand-père d’Eloan, ce dernier s’était vu confier la maison et le travail. Abigail, de son côté, était plongée du matin au soir dans ses manuels de médecine, revirement assez soudain pour une fille qui a toujours eu un don pour la magie noire.

Un petit garçon ne tarda pas à venir animer un peu cette maison trop tranquille….Jusqu’à ce qu’il entre à l’école moldue et apprenne à lire. Depuis ce moment-là, on ne le trouva plus que plongé dans des illustrés, puis des contes, jusqu’à commencer à dévorer des romans. La maison, de nouveau trop calme, accueillit la petite Alice, un trois juillet, une nuit de pleine lune, et les murs résonnèrent à nouveau de borborygmes enfantins.

Comme si cela ne suffisait pas, comme s'il fallait toujours plus de bruit, ce furent les jumeaux qui vinrent au monde, un an plus tard. Là, c’était sûr que l’animation était garantie. Trois ans plus tard, tandis que les jumeaux et Alice partaient à la conquête de mondes sortis de leur imagination, Soren partait à la découverte de Poudlard. Son chemin a commencé le jour où il a reçu sa lettre.

CHAPITRE 1 : La première des quatre lettres

Toute la famille était installée à la table de chêne. Une odeur de pain frais flottait dans l’air, mêlée à celle, plus forte, du chocolat chaud et s’entrecroisant avec la senteur beurrée des croissants tout juste sortis du four. Soren trempait distraitement une tartine doublée d’une couche de confiture qui allait bientôt dépasser la taille de la couche de pain dans un bol de cacao, les deux plus jeunes étaient installés sur la même chaise, une seule cape attachée autour de leurs épaules, tentant de tartiner de pâte de noisette une tranche de pain en tenant la même cuillère chacun d’une main tout en devisant avec Alice à l’aide de phrases qui, grammaticalement, laissaient à désirer. Abigail et Eloan essayaient de gérer un peu tout ça tout en tentant de se concentrer un minimum sur leur repas.

Quelques petits coups frappés au carreau interrompirent ce petit manège, et toute la famille se retourna vers l’origine du son. Eloan, comprenant directement de quoi il s’agissait, fut le plus prompt à réagir. Il se dirigea à grands pas vers la fenêtre et l’ouvrit. Un majestueux hibou grand-duc fit le tour de la pièce et se posa devant soren, pile dans son assiette, lui piqua un bout de pain et lâcha une enveloppe devant lui. Soren interrogea son père du regard. Ce dernier répondit :

« Tu peux l’ouvrir, ce n’est pas un hibou venu pour le relais, il n’aurait pas tenté de rentrer à l’intérieur. Et je ne lui aurais pas ouvert, d’ailleurs. »

Soren, curieux, tourna et retourna la lettre entre ses doigts, avant de l’ouvrir. L’assemblée resta silencieuse le temps de son verdict. Ils l’observaient, curieux, sauf Eloan qui avait un petit sourire au coin des lèvres. Une fois sa lecture terminée, il releva la tête, des étoiles plein les yeux :

« Je vais aller à Poudlard ! Poudlard ! C’est la lettre, celle qui dit que je suis inscrit. Il y a même une liste des fournitures ! Et le billet de train…Voie neuf ¾, ça va être géant ! »

Soren était à la fois émerveillé et impatient. On le voyait rarement aussi enthousiaste, lui qui était habituellement réservé, froid et discret. Ses frères et sœurs, ne comprenant pas trop la situation, posaient des tas de questions qui volaient dans la pièce, faisant parfois pouffer de rire leurs parents, qui faisaient de leur mieux pour y répondre.

---------ENTRE-DEUX-------

Soren n’a pas gardé très longtemps ses rêves et illusions sur l’école. Il a petit à petit commencé à se sentir mal et seul au château, principalement à cause de sa maison. Il rentrait chez lui dès que possible et ne manquait jamais une occasion de passer des vacances avec sa famille.

Quant à Alice, ce fut l’année où ses parents décidèrent de mettre les trois plus petits à l’école moldue. Mais Églantine détestait réellement l’école, devoir se tenir tranquille, etc.…et elle piquait des crises. Évidemment, si Églantine n’allait plus à l’école, Stan non plus. Il refusait de rester 8 heures par jour sans sa sœur. Ainsi, ils ont arrêté tous les deux l’école, et c’est leur père, qui restait toute la journée à la maison pour le relais qui continua à s’occuper d’eux. Alice, que ça ne dérangeait pas d’aller à l’école, s’y rendait tous les matins, même si sa maitresse la trouvait bizarre et beaucoup trop débordante d’imagination, pourtant elle ne parlait jamais de magie ou autres.

CHAPITRE 2 : Une page se tourne

Les jumeaux étant devenus trop grands pour dormir à deux dans la minuscule chambre adjacente à celle de leurs parents, mais voulant quand même être dans la même pièce pour somnoler, une réorganisation de la maison s’imposait. Ce fut l’occasion d’un grand nettoyage de printemps, de faire dégager la poussière, de sortir les squelettes du placard, de nettoyer les moisissures qui risquaient, à force, de tout submerger, de laver son linge en famille et de tout passer à grande eau. Dans tous les sens des termes. Ces phrases sont à lire à la fois littéralement, dans leur contexte original de nettoyage, et allégoriquement. En effet, des débats pour le moins… Animés éclataient de plus en plus souvent à la maison, ayant principalement pour thème la scolarité des enfants, les deux protagonistes avaient en effet une vision radicalement différente du système éducatif, et souhaitaient faire admettre à l’autre que leur avis et les solutions qu’ils proposaient étaient idéales.

Eloan avait pris parti pour le fait de laisser Soren à Poudlard, arguant le fait qu’il était « autonome, qu’il n’a pas besoin de notre aide, et que ce serait trop déstabilisant pour lui de changer d’école. En plus, il finira bien par s’habituer, et s'il veut changer, c’est lui qui doit le décider, pas nous ». Eloan désirait aussi que les plus petits retournent à l’école, et Abigail lui répliquait que c’était uniquement égoïste, que c’était juste pour qu’il puisse être "débarrassé" des enfants qui restaient avec lui toute la journée.

Abigail, quant à elle, gardait fermement position sur son envie de mettre Soren dans une autre école de magie, comme Ilvermorny ou Beauxbâtons, et de laisser les plus petits à la maison, tout en leur donnant des cours.

Finalement, la maison a changé, s’est complètement réorganisée, a bougé de fond en comble, et un compromis a été obtenu. Les jumeaux restent à la maison, Soren reste à Poudlard. Point barre, l’histoire est oubliée, enterrée.

Cet été-là, une fois revenu de l’école, Soren a découvert les modifications de la maison. Notamment, le fait qu’il partage désormais son palier avec Alice. Un matin, quelques jours après son arrivée, il trouva Alice occupée à déchiffrer les titres des livres qu’il avait installés dans la grande armoire qui se trouvait entre les deux pièces. Curieux de savoir ce qu’elle faisait, il s’agenouilla près d’elle :

« Hé Licou ? Tu fais quoi . Tu arrives à lire maintenant . C’est à l’école moldue qu’ils t’ont appris ça . Tu en as de la chance, moi j’ai dû attendre d’avoir 6 ans »

Alice, toujours concentrée sur les livres et nullement déstabilisée par l’avalanche des questions posées par son frère, répondit d’une voix légèrement zozotante :

« Oui Zoren ? Je lis des titres. Non, c’est ma-man qui m’a un peu appris à lire. Et j’ai pas six ans d’abord. J’en ai 5. Tu sais pas compter ou quoi .»

Soren pouffa de rire devant sa petite sœur qui répondait en une seule fois à tout ce qu’il avait demandé. Il la prit dans ses bras et la souleva, lui arrachant un "Hééééé !" indigné. Il ne la reposa qu’une fois arrivées dans le salon, et ouvrit un livre sur les genoux de la petite.

« - Dis-moi, ça te dirais que je t’apprenne un peu plus à lire ? On pourrait commencer par celui-ci…Alors, quel est le titre ?

- Les contes…De…De Beedle le barde. »

---------ENTRE-DEUX-------

Faisons un bond de quelques années en avant pour passer directement aux 9 ans d’Alice, car les quatre ans que nous avons laissé passer ne sont pas les plus passionnants de sa vie. Les jours, les semaines, les mois ont passé, monotones, sans incidents spécifiques. Elle a continué d’aller à l’école moldu, les jumeaux n’y sont pas retournés, Soren revient toujours soulagé de Poudlard et ne s’y rend qu’en trainant les pieds. Bref, le temps suit son cours. Du moins, jusqu’à la rencontre avec sa cousine, jusqu’à ce mariage auquel elle n’avait jamais voulu réellement assister.

CHAPITRE 3 : Soirée entre cousines

De la musique tourbillonnante. Des robes, des habits chics, des gens sur leurs trente et un. De la soie qui vole, du cachemire qui chatouille, du velours qui pèse et de la laine qui réchauffe. Alliages de tissus, de plumes, de fourrures. Alice tentait de s’y retrouver, de respirer, de ne pas se perdre dans cet océan de tissus virevoltants qui tentaient de l’ensevelir, de l’étouffer. C’était le premier bal auquel elle assistait, et cela démarrait assez mal. Toute petite dans la masse d’adulte, brindille ballottée au gré du rythme des musiques et des danseurs, épingle à cheveux dans une botte de foin.

Alice était trop timide pour sourire, pour saluer, pour être polie comme il fallait l’être. Donc, elle évitait le contact avec les gens, elle subissait sans broncher les câlins, bises et autres marques d’affection grandiloquentes. Et puis, à un moment, elle n’aurait pu déterminer lequel, la main de son père la lâcha, sans doute pour attraper une quelconque coupe de champagne ou un petit-four. Quoi qu’il en soit, elle avait été déstabilisée, et il avait suffi de quelques pas pour qu’elle ne le retrouve plus. Pourtant, Alice était simple à retrouver dans la foule. C’était la seule à, en guise de robe, avoir revêtu un kimono rouge aux lanières blanches. Elle crut apercevoir son frère et sa sœur, qui s’étaient, pour l’occasion, changés l’un en l’autre. Stan avait noué ses cheveux longs en un chignon élégant, Elgantine avait légèrement ébouriffé ses cheveux courts, ils avaient revêtu un costume identique, et le tour était joué. En les voyant ainsi, leurs parents ont soupiré, mais sans faire de commentaires.

Alice continua à se frayer un chemin dans ce véritable labyrinthe humain, et finit par trouver un point de repère : le buffet. Alice, pour reprendre des forces avant d’entamer la suite de son périple, s’accorda une pause "petit-four au saumon" et oh, bonheur, réussit à dégoter des cookies au milieu de tous ces mets plus parfaits et raffinés les uns que les autres. Bon, c’était de tout petits cookies avec des fleurs en sucre au-dessus, mais c’était des cookies quand même. En suivant la longue table, elle parvint à s’en sortir, et atterrit sur une petite terrasse à l’écart.

Elle ne se sentait pas très bien et avait les idées un peu floues, comme si elle venait de sortir d’un four. Elle inspira l’air froid et nocturne, s’étira, appréciant le contact du vent sur sa peau. Elle bailla, pour tenter de redevenir un peu plus attentive. Et puis, un bâillement empreint de flemme répondit en écho au sien. Surprise, elle se retourna, et vit, assise sur une grande rambarde de pierres blanches, adossée à une colonne, une fille. Une fille qui devait avoir 14 ans. Une fille en robe bleue, courte, simple, ressemblant presque à une robe d’ouvrière et avec un symbole rouge sur le torse. Une fille avec des chaussures de marche noires et d’épaisses chaussettes bleues foncée montant au-dessus de ses genoux.

Des cheveux roux, mi-longs, volant au vent comme des flammes dans la nuit, des boucles d’oreilles rouges comme deux gouttes de sang qui rayonnaient à la lueur venue de l’intérieur. Alice s’approcha doucement d’elle, et la fille, sans se retourner, lui tendit une main couverte d’un gant bleu très épais.

« Nausicaã Corbin. »

Alice serra la main que lui tendait la fille. Le tissu du gant était à la fois rêche et rassurant.

« - Alice. Alice Madoqua. T’es…

- Ta cousine, ouais. Née moldue, deuxième dans la famille après ton père. C’est normal, not’ grand-père, arrière-grand-père dans mon cas, était sorcier. La magie a juste sauté quelques générations, disons. »

Alice fixa sa cousine quelques instants, l’air pensive, puis demanda :

« Mais dis, comment ça se fait que je t’ai jamais vue ? Une cousine sorcière quand même, je devrais le savoir… »

Nausicaã rejeta la tête en arrière, faisant onduler ses cheveux roux, qui malgré leur courte taille, se mouvaient plutôt librement.

« - Disons que… C’est rare que je vienne en Europe. J’habite en Amérique. J’vais à Ilvermorny, depuis que mon père a trouvé un poste au ministère de New-york. Toi, j’imagine que tu ne vas pas encore à l’école, si ?

- Je vais à l’école moldue. Mais pas encore à Poudard, non. »

Nausicaã retourna à sa contemplation des alentours. Au bout de quelques secondes de silence, elle demanda :

« - Dis ? J’aime pas les mariages, mais j’commence à avoir froid, et on doit bien pouvoir trouver d’quoi s’amuser à l’intérieur… Nan ?

- Ah ? Heu, oui, d’accord. »

Nausicaã, amusée par l’hésitation de la petite, sauta de son rebord et lui attrapa le bras.

« Allez, viens. »

Pleine d’énergie, elle tira Alice à l’intérieur. De nouveau, une agression soudaine de tous les sens d’Alice. Odeurs, sons, couleurs, matières. Mais cette fois, elle avait un rocher, un point d’accroche. Le bras de sa cousine tenant le sien, son rire la guidant.

Alice et elle passèrent le reste de la soirée à faire les folles, à préparer des mauvais coups dans l’ombre, à slalomer entre les invités.

Si Alice, jusqu’à ce moment-là, était plutôt un genre d’enfant-modèle, toujours calme, timide, gentille, polie et obéissante, cette soirée avec sa cousine débloqua un peu son esprit critique. Elle en ressortira à la fois grandie, plus rebelle, moins sage. Plus autonome et indépendante, aussi. Elle ne remettra pas mal de choses en question, grâce à sa cousine. Elle deviendra moins coincée, plus détendue.

Bien sûr, ce n’est pas une simple soirée qui l’a changée à ce point-là, mais ce bal de mariage a été un déclic, disons.

CHAPITRE 4 : C’est la baguette qui choisit son sorcier

Les événements s’étaient précipités. Depuis le 3 juillet, jour de ses 11 ans, où Alice avait reçu sa lettre pour Poudlard. Joie, exultation, des jours d’impatience et de discussions sur l’école avec les jumeaux. Soren semblait s’être renfermé et être assez déterminé à ne pas aborder ce sujet de conversation.

Le sable avait filé dans le sablier, et elle marchait maintenant sur le chemin de traverse, sa liste à la main. Ses parents avaient divisé la famille en 3, afin d’aller plus vite, et Alice s’était retrouvée avec Soren. Les deux adolescents marchaient en silence. Même en général, ils communiquaient rarement entre eux avec plus de quelques phrases.

Soren fut le premier à briser leur mutisme :

« On va chercher ta baguette d’abord. »

Alice hocha la tête, et suivit son frère dans une boutique qui paraissait extrêmement vieille. La peinture dorée écaillée de la devanture annonçait : " Ollivander - Fabricants de baguettes magiques depuis 382 avant J. -C." La façade était délabrée et Alice avait l’impression qu’elle risquait de lui tomber dessus à tout moment. À l'intérieur de la boutique, des piles de boîtes contenant des baguettes magiques s’élevaient jusqu’au plafond. Alice éternua, faute à la poussière qui s’élevait dans la pièce en volutes tourbillonnantes. Le vieux vendeur aperçut d’abord Soren, et fit une grimace en marmonnant dans sa barbe une phrase inintelligible, avant de remarquer la présence d’Alice. Il se précipita vers elle, un mètre à la main.

« Tu viens pour une baguette. Tu es la sœur de l’empoté qui se trouve à côté de toi, c’est ça ? Espérons que tu sois moins maladroite. »

Le vendeur retourna à ses étagères, attrapant une boîte ou l’autre, tandis que le mètre ruban prenait les mesures d’Alice. Soren, pas le moins du moins amusé par la situation, lui glissa à l’oreille :

« J’ai détruit toute une étagère, en essayant ma baguette. Il m’avait dit de faire un petit mouvement sec, j’ai fait un ample rond. Je crois que ce vieux crouton m’en veut encore. »

Alice pouffa de rire, et le mètre ruban, qui essayait de mesurer tranquillement la taille de son bras, s’écarta, exaspéré. Un peu rouge, Alice retourna à son immobilité. Le vieux revint vers eux avec toute une pile de boîtes entre les bras, récupéra le mètre, et lança une remarque à Soren :

« Le crouton est peut-être vieux, mais pas sourd. »

Ce fut au tour du blondinet de rougir, face au vendeur qui lui envoya un sourire sarcastique. Ensuite, il tendit la première boite à Alice.

« Un petit mouvement sec. » Dit-il avec un regard appuyé en direction de Soren, qui haussa les épaules.

Alice se concentra pour être sure de ne pas gaffer, et réussit à ne former qu’un tout petit trait avec sa baguette. Cinq petites billes rouge écrevisse en sortirent et s’élevèrent au-dessus de sa tête, pour ensuite se rassembler et exploser en un minuscule feu d’artifice. Le vendeur sourit, content de lui.

« Ah, du premier coup, c’est assez rare ! Mais j’étais certain que cette baguette te conviendrait. Bois d'érable et crinière de Kelpy, 25.4 cm, la baguette du vagabond. La dernière personne à qui j’ai vendu une baguette possédant un cœur en crinière de Kelpy s’appelait Nausicaã Corbin… Si je ne m’abuse, il s’agit de ta cousine. Mais revenons en à ta baguette… Parfaite pour quelqu’un de très indépendant, elle est très utile en potions... Et convient à une personne très déterminée. Idéale pour une étudiante de Poufsouffle ou de Serdaigle. »

Alice, mal à l’aise devant cette dernière maison énoncée, jeta un coup d’œil à Soren qui regardait ailleurs, faisant semblant de rien, mais une nostalgie mêlée de tristesse peinte sur le visage.

« Non mais ? Vous m’écoutez quand je parle ? »

Ah, vraisemblablement, Alice avait rêvassé quelques secondes, et c’était déjà trop pour ce vieux grincheux.

« Heu…Excusez-moi ? »

L’homme leva les yeux au ciel, énervé, avant de répondre :

« Ça vous fera 17 gallions et 5 mornilles. Ah, ça, pour payer, y a plus personne hein ! »

Soren, à nouveau attentif, secoua la tête, puis lui tendit une poignée de pièces, avant de prendre la boîte avec la baguette, la main d’Alice de l’autre côté, et de sortir de la boutique. Une fois dehors, il soupira :

« Hé bien, pas fâché d’en être sorti. »

CHAPITRE 5 : Faire le point dans un reflet.

La joue écrasée contre la vitre froide du train, Alice regardait le paysage pluvieux défiler. Les trombes d’eau tombées du ciel ruisselaient, coulaient, frappaient à un rythme régulier la surface de la terre et celle des lacs et des rivières. Les gouttes d’eau se faisaient la course sur les vitres et Alice, nostalgique, songeait à l’année qui s’était écoulée. Elle avait été répartie à Serdaigle, là où son frère avait toujours rêvé d’aller. Au début, timide, elle ne s’était fait aucun ami. Elle avait passé seule les trois premiers mois, jonglant entre ses devoirs, ses cours et la bibliothèque. Elle évitait au maximum son frère, avec qui elle s’était maintes et maintes fois énervée, allant parfois jusqu’à la limite de la bagarre. Et puis, un jour, alors qu’elle était à la bibliothèque, elle rencontra Atria, avec qui elle devint rapidement amie. Ce souvenir fit sourire Alice. Elle était vraiment renfermée sur elle-même à l’époque…

Et puis, d’ami(e)s en ami(e)s, elle était de mieux en mieux entourée, connaissait plus de monde, s’ouvrait aux autres. Atria, puis Avalon, puis tout leur groupe, et de fil en aiguille, devenant plus sociable, elle s’ouvrit aux personnes de sa maison. Elle se rendit compte qu’il y avait des personnes plutôt sympa, mais gardait des habitudes du moment où elle détestait encore parler aux gens. Par exemple, elle paniquait assez rapidement lorsqu’elle ne contrôlait plus une discussion, détestait être avec trop de monde en même temps et avait une certaine tendance à réagir trop vite.

Alice se révéla avoir un don pour les potions et l’étude des moldus, mais être une nullité totale en vol. Ploc, une goutte tomba dans la vitre, à la hauteur de ses yeux, et elle plongea dans le souvenir de son deuxième cours de vol.

"Alice enfourcha son balai. Anxieuse, inquiète, stressée. Décidément, elle n’avait pas hérité du talent de sa mère, monter sur un balai la faisait réellement paniquer. Elle se demanda si un balai pouvait avoir le même genre de réaction qu’un animal. Sentir sa peur. Peut-être ? D’après elle, c’était le cas. Elle devait se calmer. Elle inspira et expira doucement, plusieurs fois. Elle eut l’impression que le balai tremblait un peu moins. Était-ce un simple effet placebo ? Ou ses propres mains qui tremblaient moins ? Elle n’aurait pas su le dire, mais après tout, quelle importance ? Tant que ça la rassurait… Déjà, rien que pour le mettre debout, elle avait eu du mal. S’y reprenant par quatre fois, elle avait eu l’air complètement ridicule devant tous ses camarades de maison et devant les Poufsouffles avec qui ils partageaient le cours de vol.

Elle enfourcha le manche du balai, tentant de placer ses mains comme ses camarades. Mais elle était trop tendue, et les phalanges de sa main gauche refusaient d’agripper le balai correctement. Au coup de sifflet, elle était censée s’élever. Un son strident, et sans avoir le temps de réfléchir, elle tapa du pied, et s’éleva.

Les quelques secondes qu’elle passa à s’élever lui semblèrent des heures. Elle y arrivait ! Elle volait ! Le balai voulait bien la faire monter. La cime des arbres, les tours du château, le ciel, la lune, le soleil, tout lui semblait si proche… Et puis, elle perdit le contrôle, elle retomba. Une aigle qui ne sait même pas s’envoler, une aigle qui redescend aussi vite qu’elle est montée. Une aigle qui, définitivement, ne sait pas s’y prendre avec un balai. Enfin, le contact tant attendu du sol, de l’herbe pleine de rosée, de la boue en dessous.

Encore heureux qu’il avait plu… Le sol étant plutôt mou, Alice ne s’était pas fait mal. Elle s’étendit sur le dos, regardant le ciel qu’elle n’atteindrait sans doute jamais, ses cheveux boueux étalés autour d’elle. "

Alice avait sans doute passé un peu trop de temps dans ses pensées, car la sorcière aux bonbons s’éloignait. Elle remarqua soudain une autre Serdaigle dans le compartiment, qui devait sans doute être là depuis un bon bout de temps. La fille lui tendit des chocogrenouilles en expliquant d’un air timide:

« Heu… Salut, Tu en veux . Tu dormais, du coup je ne t’ai pas réveillé pour du passage de la sorcière aux bonbons. Mais j’aurais pas tardé à le faire, je commençais à m’ennuyer. J’aurais toujours pu retourner avec Roman, mais c’aurait pas été gentil… Mais bon, maintenant t’es réveillée pas vraaai. »

Oulah. Cerveau d’Alice, présent ? Apparemment, non. Erreur, saturation des quelques neurones déjà réveillée par le rythme des paroles de la Serdaigle. Alice soupira, puis reconstitua les paroles de la fille, comme un enregistrement qu’on repasse à la vitesse escargot. Elle tendit la main, prit une friandise et répondit d’une voix un peu lente.

« Oui….Merci... »

L’aiglette la regarda bizarrement, et décréta, comme si elle parlait à un petit enfant, en insistant bien sûr les mots. Elle devait apparemment penser qu’Alice n’était pas très fut fut… :

« Tu t’appelles comment ? Ton prénom ? Tu parles l’anglais ? Oui ou non ? »

Alice secoua sa tête. C’était gagné, l’autre la prenait pour une idiote totale. Elle devait peut-être même se demander ce qu’elle faisait dans ce train, si elle n’était pas une moldue égarée. Elle devait avouer être mal réveillée, et avoir laissé tomber son uniforme de Serdaigle pour de simples habits moldus dès qu’elle avait mis un pied hors de l’école, mais tout de même…

« Je suis juste mal réveillé. Oui, je sais parler. Oui, je suis une élève de Poudlard. Oui, je suis une Serdaigle, comme toi. Ça se remarque, d’ailleurs. »

Cette dernière remarque avait été prononcée avec un regard sarcastique se promenant sur tous les insignes et symboles de sa maison que la fille abordait fièrement sur ses habits. Oui, Alice était un peu de mauvaise humeur. Mais l’autre, qui semblait plutôt tranquille et hésitante, répondit :

« Héo, calme toi ! Tu es un peu agressive non ? Je t’ai rien fait…Si ? Et en fait tu n’as pas répondu à ma question… »

Alice tendit sa main à la fille.

« Alice. Alice Pauline Madoqua. »

Neel la serra, non sans un certain énervement, ce qu’Alice lui rendit bien.

« Neel Rosda….Enchantée.»

Les deux filles se défièrent un moment du regard, leurs mains toujours serrées, chacune tentant de broyer les phalanges de l’autre, deux moues boudeuses affichées sur leurs visages. Et puis, un bruit de coulissement léger, et un élève de 7 e année passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte :

« Tout va bien . Qu’est-ce que vos faites ? »

Alice et Neel le regardèrent, se regardèrent, le regardèrent à nouveau, puis leurs regards se croisèrent encore une fois et… Elles explosèrent de rire en chœur.

Étrange, parfois, comment une amitié débute…

---------ENTRE-DEUX-------

Durant l’année écoulée, Alice avait aussi été embauchée au Chicaneur comme stagiaire-journaliste, sous la direction de la génialissime Alice Rodwell. Et puis, le 3 juillet, jour de son anniversaire, elle était partie pour le premier camp scout de sa vie. Tout en sac à dos, uniforme, foulard, elle avait pris le train avec les autres scouts.

CHAPITRE 6 : Ensemble on est mieux, on a du mal à s’dire adieu…

Alice avait mal à tous ses muscles. Mais en soi ce n’était pas dérangeant. Ils avaient enfin fini la construction des pilotis ! Après plusieurs jours passés à creuser, à scier, assembler, tisser et nouer, leur besogne était enfin achevée. La satisfaction d’un travail, d’un projet mené à bien était plus forte qu’une simple douleur dans les bras. C’était déjà leur troisième jour de camp, et le temps avait filé plus vite qu’un noueux qui a vu de la nourriture. Sans cesse occupée, Alice n’avait pas encore eu l’occasion de connaitre toutes les personnes de sa patrouille.

Afin que les scouts puissent se détendre et se reposer un peu, ce soir-là, il n’y avait ni jeu de nuit, ni course dans les bois, ni activité demandant de l’agitation, mais plutôt une simple veillée autour d’un feu de camp.

Magnifique cliché, des scouts au coin du feu, avec chansons, chamallow et pourquoi pas, un petit air de guitare. Après, au-delà du fait que ça fasse carrément « boy-scouts des années 1930 », c’était un moyen sympa de renforcer la cohésion du groupe et de rencontrer, discuter et apprendre à connaitre les autres.

Donc, Alice y allait plutôt contente, sans trainer les pieds.

Plusieurs scouts, plus âgés qu’elle, étaient déjà occupés à allumer le feu. Le soleil était pratiquement couché, et le bleu du ciel fuyait pour laisser sa place à la nuit, petit à petit. Des couvertures et des bâches étaient disposées en rond autour de la flambée, et quelques personnes étaient déjà installées là, à discuter, couchées ou assises.

Timide, Alice hésitait à s’installer parmi les autres. Elle jeta un regard circulaire sur l’assemblée, puis elle « la » vit. La fille de son âge, celle de sa patrouille, celle qui lui était familière, sans trop savoir pourquoi. Celle qu’elle avait repérée dès le début, par une intuition. Elle avait déjà vu ces cheveux, ces traits… Mais où, telle était la question.

Après quelques secondes d’indécision, elle opta pour la solution la plus logique, qui était d’aller poser la question directement à l’intéressée. Elle s’assit à côté d’elle et lui chuchota :

« Salut ! Dis, on ne s’est pas déjà vue quelque part ? »

Oh purée de pois chiche. C’était sorti tout seul, cette magnifique gaffe, ces quelques mots très mal tournés, comme un cliché de phrase de drague. Alice avait envie à cet instant d’imiter Dobby et de se taper la tête avec une armoire. Heureusement, l’autre eut l’air de le prendre à la rigolade, car elle pouffa, mais elle reprit bien vite son air sérieux et se pencha vers la jeune Serdaigle.

« Tu es Alice ? Alice Mado…Quelque chose, non ? Tu m’as déjà vue à Serdaigle, on est dans la même maison, tu sais ça ? Après, on évite d’en parler ici… »

Oups, deuxième bourde de la journée. Alice était définitivement fatiguée, pour commettre autant d’erreurs idiotes… Elle aurait pu connaitre cette fille, si seulement elle se mêlait un peu plus à ses camarades de maison. Après, la jeune fille devait avouer qu’elle n’était en réalité sociable avec personne, mais à part les gens qui venaient vers elle, comme Atria et Avalon. Quitte à dire des idioties, autant aller jusqu’au bout avec la dernière question couronnant cette cascade de bévues :

« Et…Et toi, tu t’appelles comment ? »

Son interlocutrice la regarda, à la fois étonnée et amusée, semblant se demander si Alice était vraiment sérieuse. Elle rit de nouveau, avant de répondre :

« - Soazig. Soazig Miranda. Dis-moi, ça fait un an qu’on est dans la même maison et qu’on a cours ensemble, et tu ne connais même pas mon nom ?

- Heu… Comment dire? Je ne connais pas grand monde en fait… Je ne pourrais même pas te citer sept personnes de ma classe alors je dois dire que c’est une longue affaire… »

Alice devait avoir un pouvoir hilarant dans la voix, car à nouveau, Soazig explosa de rire. Pourtant, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de drôle à ses paroles…

---------ENTRE-DEUX-------

Le reste des vacances, Alice les passa avec sa famille. Un déménagement, faute à son père qui avait trouvé un travail provisoire… En Irlande du nord. C’est en râlant et en trainant les pieds que les quatre enfants suivirent leurs parents, changeant de pays, de maison et d’environnement.

Ils extrapolaient déjà sur leur malheur, comptant les jours qui les séparaient du retour à Poudlard, énumérant des listes d’arguments rocambolesques à leurs parents. L’ambiance dans la famille n’était pas optimale, entre Soren, distant et énervé sur Alice, les jumeaux qui traçaient leur chemin, véritables électrons libres, sans se soucier du reste du monde, Alice, bourrée d’énergie, qui parlait à tort et à travers, et leurs parents, stressés par toutes les modalités et les obligations administratives qu’impliquaient le départ.

Et puis, une fois arrivé dans leur nouvelle demeure…

CHAPITRE 7 : L’Irlande dans le sang…

Un tourbillon d’écume se forme, petit à petit, jusqu’à couvrir le haut de la vague d’un blanc bouillonnant. Il reste quelques instants en équilibre, semblant hésiter entre deux forces, puis glisse, propulsé par une énergie forte et mystérieuse, se retournant sur lui-même. Il devient un cocon, un rouleau d’une puissance et d’une violence effrayantes, qui semble pouvoir tout emporter dans son cycle infernal. Ensuite, il s’étale, s’épanche dans les flots et redevient eau.

La vague poursuit son chemin, se déroulant sur la mer, enlaçant les flots, dans un roulis magnifique et incessant. Elle s’écrase sur la plage, retour de l’écume, à nouveau agressive. Elle se bat contre le sable, tente de gagner du terrain, mais finit par revenir en arrière, en désespoir de cause, emportant avec elle un peu de sable et quelques coquillages, maigre butin comparé aux efforts déployés.

Alice baissa les yeux. Les rayons du soleil se reflétaient sur la mer en ondulations étincelantes qui brillaient un peu trop quelquefois pour les grands yeux bruns noisette de la fillette.

Elle agita le bout de ses orteils, formant des cercles concentriques dans l’eau transparente. Même en été, il faisait trop froid pour se baigner. Certaines légendes du coin prétendaient qu’en hiver, l’eau gelait. Alice ne demandait qu’à voir, mais en attendant, elle se contentait de se balader près du rivage, une plage de pierre, de l’eau jusqu’aux chevilles.

La mer Irlandaise n’était pas avare de surprises, et Alice était tout sourire, sautillant à droite à gauche. Elle chatouillait les étoiles de mer, contemplait les mille couleurs des anémones qui se balançaient au rythme des courants, restait à bonne distance des oursins et de leurs piquants menaçants, et jouait avec les escargots de mer, leur construisant des villages de galets, d’algues et de brindilles.

Un bruit la fit sursauter. La petite était perdue dans son jeu, une histoire de navigation et de découvertes d’îles inconnues, et elle fut sortie brutalement de sa rêverie par un bruit de plastique s’entrechoquant. Elle se retourna, et croisa le regard de son frère. Soren était occupé à sortir le petit bateau à voiles rangé dans le garage.

Il le fit rouler jusqu’à la plage. Ensuite, il remarqua la façon dont sa sœur le regardait. Il hésita un instant, puis soupira, l’air exaspéré et lui fit signe de le rejoindre. Alice sourit d’une oreille à l’autre, et s’installa à côté de lui dans le navire.

Son frère effectuait toutes sortes de gestes, précis, assurés. Il tendait, détendait, tirait les cordages, axait les instruments. Pour une fois, il avait l’air calme, loin de toutes les douleurs qui voilaient habituellement son visage.

Alice se sentait bien, tout simplement. Le mal de mer était une sensation qu’elle n’arrivait même pas à concevoir. Le roulis des vagues lui donnait une impression de liberté enivrante. Une liberté si absolue qu’elle avait l’impression de se trouver à la limite, à la frontière du possible. Son esprit si insignifiant par rapport à la grandeur de l’océan pourrait-il supporter une telle joie ? Alice n’en était pas sûre, mais elle ne voulait même pas y penser. Elle ne voulait penser à rien. Elle était en équilibre entre les flots et le vent, au parfait milieu, au centre de l’univers qu’elle s’était bâti durant les douze ans qu’elle avait passés à sillonner le monde.

Le bateau fit un demi-tour sur lui-même, contrant le vent et le courant, la voile se dressant avec courage vers le ciel. L’ancre tomba vers les profondeurs, le bruit de la chaîne faisant frissonner Alice. Elle se retourna vers son frère, qui la fixait déjà. Leurs regards se croisèrent, se complétant, doux mélange entre un brun noisette léger, volatile et un bleu sombre, figé, emplit de souffrance.

Alice entrouvrit la bouche, se préparant à briser le silence, mais Soren l’arrêta d’un hochement sec de la tête. Il tendit le bras vers une île de rochers, près d’eux.

Le souffle coupé, la petite les vit, un à un. Des phoques, immobiles, cachés entre les rochers. Ils prenaient le soleil, paisibles. Couleur terre, ocre, gris ou marron. Ce n’était pas les phoques en peluche qu’elle avait l’habitude de côtoyer, ce n’était pas ceux qu’elle avait vus dans les dessins animés. Non. La réalité était bien plus splendide. Bien plus puissante.

Son frère se tourna vers elle. Le mot lui coûtait, il avait du mal à sortir, il ne voulait pas le laisser partir, et par conséquent, il le garda quelques instants enfermé sur le bout de sa langue. Et puis, il se décida, comme on saute d’un rocher, comme on brûle une photo, comme on jette une lettre, comme on avale un poison.

Décision irréversible.

Il le jeta à sa sœur, l’abandonna sur les rives du fleuve. "Vas-y, fait en ce que tu veux, je m’en fous, je n’en veux plus, c’est un fardeau trop lourd à porter. Je n’en peux plus. Je laisse tomber. Maintenant, c’est sur tes épaules que le poids pèse, c’est à toi de décider pour moi." Un seul mot pour tant d’efforts et de réflexion :

« Désolé. »

lice le cueillit au vol. Désolé pour quoi ? La réponse se trouvait dans l’esprit de Soren, mais il n’avait pas besoin de la formuler, elle la connaissait. Désolé de t’en avoir voulu alors que la faute ne te revenait pas, ne nous revenait pas. Désolé de m’être tu, de t’avoir ignoré, de t’avoir fait souffrir par mon silence. Désolé de nous avoir fait du mal à tous les deux, par mon idiotie. Désolé, tout simplement. Pour tout.

---------ENTRE-DEUX-------

Alice, malgré tout, restait fâchée. Elle boudait sur Soren. Œil pour œil, dent pour dent. An pour an. Douce vengeance. Elle aurait pu, aurait dû lui pardonner. Apprendre de l’erreur de son frère et ne pas la répéter. Mais son côté têtu et sa rancœur ont pris le dessus sur sa raison. Elle lui en voudra encore une longue année… C’est sur cette amertume que sa deuxième année à l’école commença.

CHAPITRE 8 : Il faut parfois laisser venir l’obscurité pour entrevoir les plus belles lueurs…

Alice avait grandi. Elle n’était plus la même que l’an passé, et ce à bien des égards, pas seulement à cause de son âge ou de son physique. Elle avait tendance, lorsqu’elle y réfléchissait, à détester la personne qu’elle avait été auparavant, avec ses réactions qu’elle jugeait immatures et ses erreurs idiotes. Mais n’étais ce pas le signe qu’elle avait grandi, évolué vers quelque chose de meilleur . Qu’elle avait appris de ses erreurs .

La petite Serdaigle marchait dans les couloirs, prise d’une douce mélancolie. Elle ne parvenait pas à dormir, et avait décidé de repartir explorer le château, pour que tous ses recoins lui reviennent en mémoire après les deux longs mois de vacances. Malgré la première semaine de cours qu’elle venait de passer ici, tout n’était pas encore clair comme de l’eau de roche.

Elle caressait les tapisseries du bout des doigts, savourant le contact rêche du tissu, écoutait ses pas résonner dans les grands couloirs de pierre et admirait l’impression dégagée par les armures qui ornaient les couloirs. C’était sa maison. Plus que leur bâtisse en Irlande. Plus que sa maison en Angleterre. C’était sa maison, comme ça avait été la maison de milliers d’élèves avant elle.

Poudlard avait la faculté étrange d’être à la fois à tout le monde et à personne. Tout et rien. Le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide. Cocher toutes les cases ou n’en cocher aucune.

Bref, le château est, était et restera un mystère.

Alice soupira. Elle avançait à tâtons, sans vraiment savoir où elle se rendait, ses pas suivant le rythme de ses réflexions. Elle finit par arriver dans une cour. Cour, courir, pour rire, pourrir. Un mauvais pressentiment pourrissait au fin fond de son corps. Il l’avait poussée à venir là.

Un bruissement dans un coin de la cour, sous un arbre, lui donna raison. Hésitante, un peu bloquée par la peur enfantine de ce qu’elle n’arrivait pas à voir, elle se dirigea lentement vers la source du son.

Deux personnes se trouvaient là, serrées l’une contre l’autre, chuchotant doucement. Elle faillit faire demi-tour, mais une chose l’arrêta. L’éclat de quelques mèches de cheveux noirs qui flottaient au vent. Elle les reconnaissait. C’était les cheveux fins de son frère. Une voix s’éleva, fluette d’avoir pleuré :

« A…Alice ? C’est toi ?»

Alice inspira, puis répondit d’une voix douce, ne voulant pas avoir l’air d’accuser les jumeaux de quoi que ce soit :

« Oui. Qu’est ce que vous faites là ? Il est tard vous savez.»

Ils échangèrent un regard, de ce regard de loup qu’ils partageaient. Un regard sauvage. Indépendant. Inébranlable. Évoquant les plaines de Sibérie, les torrents du Canada, les orages et les roches aussi vieilles que le monde. Un regard de défi, de haine, mais avec un fonds si tourmenté.

Ils prononcèrent leur phrase en puzzle, chacun précisant les paroles de l’autre, d’un air grave :

« - Il nous a séparés.

- Le choixpeau.

- Comme il vous a séparés, toi et Soren.

- Je ne pouvais pas dormir sans Églantine.

- Et moi, j’avais besoin de parler à Stan.

- Alors, on s’est retrouvés ici. Comme par hasard.

- Sauf que le hasard contredit toute causalité. Donc, je n’y crois plus depuis longtemps.»

La deuxième année ne put s’empêcher de remarquer une larme au coin de l’œil de Stan. Églantine, quant à elle, ne laissait rien paraître. Elle ne laissait jamais rien paraître. Alice arrêta leur phrase, qui aurait encore pu durer longtemps, en s’accroupissant près d’eux.

-Je comprends…Vous en faites pas. C’est pas des maisons différentes qui vont arriver à vous dissocier.

Les jumeaux, cette fois-ci, ne répondirent pas, mais ils invitèrent leur sœur à se glisser à leurs côtés. Tous les trois, blottis, ils s’entre-protégeaient du monde. Ensemble, ils ne sentaient plus le vent s’engouffrer dans leurs robes de sorcier. Ils ne sentaient plus tout le poids qu’ils avaient sur les épaules. Et pourtant, un vide subsistait entre eux. Soren aurait dû être là, partager avec eux ce moment, en fratrie.

Alice sentit petit à petit les jumeaux s’affaisser sur elle. Il était tard pour des enfants de dix ans. Elle se tourna vers le firmament, contemplant les milliers d’étoiles qui brillaient au-dessus de sa tête. Au fur et à mesure que les dernières lumières s’éteignaient dans le château, de nouvelles étoiles apparaissaient à sa vue. Il faut parfois laisser venir l’obscurité pour entrevoir les plus belles lueurs…

Alice garda son regard fixé sur le ciel nocturne et les branches de l’arbre qui bougeaient au vent.

Elle ne bougea pas, même lorsque la température descendit au plus bas et qu’elle se mit à trembloter.

Elle ne bougea pas, même lorsqu’une goutte de pluie tomba sur son nez, annonciatrice d’une averse.

Elle ne bougea pas de la nuit. Elle devait rester avec son frère et sa sœur. Être là pour eux. Les soutenir. Et quoi que cela impliquait, même s'il lui faudrait faire des choses bien pire que de passer une nuit dehors, elle le fera. Elle ne bougera pas.

C’était une promesse.

Et le jour suivant, on la vit marcher dans les couloirs, une cape vert et argent flottant derrière elle, des chaussettes noires et jaunes aux pieds, un écusson de Serdaigle brodé sur son pull et…Une écharpe Gryffondor nouée autour du cou, comme une corde de pendu, prête à l’étouffer.

---------ENTRE-DEUX-------

Alice était bien plus sociable, en deuxième. Elle arrivait à aller vers les autres, à les apprécier au lieu de les éviter, à leur parler au lieu de se taire. Elle s’est aussi améliorée en cours, faisant preuve de plus de créativité dans ses devoirs, et passant plus de temps à étudier, mais sans que ça ne déborde sur son temps libre.

Ce fut une année relativement tranquille, comme le calme avant la tempête. Presque pas de changement. En fin d’année, elle dût choisir ses options, pour l’année suivante…

CHAPITRE 9 : Toutes les routes finissent un jour par arriver à un croisement, toutefois, le croisement ne signifie pas la fin de la route.

Alice hésitait. Elle savait que le choix était important, et pourtant, elle l’avait repoussé, repoussé encore et encore jusqu’au dernier jour. La petite Serdaigle ne savait pas trop pourquoi, mais elle avait tendance à faire de meilleurs choix en dernière minute, lorsqu’elle était sous l’effet de la pression.

Quoi qu’il en soit, elle se retrouvait désormais seule devant sa feuille. Et elle commençait à le regretter amèrement.

Assise à un coin de la table des Poufsouffles, elle mordillait le bout de sa plume, les yeux dans le vague. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas la silhouette qui vint se glisser près d’elle. Elle ne remarqua pas l’éclat terne du regard qui se posa sur sa feuille. Elle n’entendit pas le bruissement de cape.

Elle sentit, par contre, des doigts se poser doucement sur les siens alors qu’elle s’apprêtait à gommer une des cases qu’elle avait cochées au crayon. Une voix grave et calme s’éleva.

« Alice… Tu es sûre de ce que tu fais ? Pourtant, je suis certain que ça te plairait, légendes et contes magiques… »

Alice releva la tête. En voyant le visage brumeux qui s’offrait à elle, elle rejeta l’air qui se trouvait dans ses poumons en un long soupir. Elle aurait dû s’y attendre. Peut-être que c’était inconsciemment pour ça qu’elle s’était assise à la table des jaunes et noir.

« Stan ? Tu as un don pour apparaitre sans qu’on t’entende… » Commença Alice avant de se faire couper par son frère.

« - Je vais prendre ça comme un compliment et pas comme une remarque sur le fait que je sois socialement invisible… »

- Stan. C’est pas ça que je voulais dire, et tu le sais. À mes yeux, tu seras toujours...

- C’est bon, tu dois pas partir dans un discours à la guimauve. Tu t’occupes de tes choix d’options. »

Étais-ce un ordre, une question ou une affirmation ? Dans le doute, Alice se focalisa sur la troisième possibilité.

« En effet. Tu… Tu veux bien m’aider ? »

Son frère la regarda quelques instants, puis éclata d’un rire ironique.

« Dis-moi Alice, es-tu sérieuse en avançant ces propos . Tu en es au point de demander de l’aide à ton petit frère de onze ans… »

Il marqua une pause, puis se rapprocha d’Alice et continua dans un murmure :

« Tu sais que si je le pouvais, je le ferais. Mais je ne sais pas t’aider. Retourne dans ta salle commune, réfléchis. Toi par contre, tu sais déjà quoi faire. »

Alice ne put agir autrement qu’en se levant. Les discussions avec son frère la laissaient toujours pantoise, elle avait l’impression de se retrouver face à un adulte de l’âge de Soren. Et Dieu sait que Soren parlait pourtant moins bien que Stan…

Elle monta lentement les escaliers, penaude. "Tu sais déjà quoi faire" les paroles de Stan résonnaient en écho dans sa tête, tournant dans ses pensées. Est-ce qu’en sachant qu’elle avait besoin de l’aide de quelqu’un, Alice savait quoi faire ? Peut-être.

Elle s’installa à une table, à côté d’Alya, une fille de son année, avec qui elle avait déjà plusieurs fois travaillé en binôme.

Elle hésita quelques secondes avant de prendre la parole, toute timide :

« Salut… Alya ! Dis… Tu as déjà choisi tes options de 3 éme ? »

Alya ne semblait pas beaucoup plus à l’aise qu’elle, ce qui rassura bizarrement Alice, mais elle répondit tout de même.

« - Oui.

- Tu…Tu as fait…Comment ? Moi j’arrive pas à m’décider…

- J’ai pris ce qui me plaisait… Enfin, mon frère m’a conseillé quelques trucs qui pourraient me plaire. »

Alice soupira. Ce n’était pas les conseils de son frère à elle qui allaient l’aider. Elle décida de ne plus y penser, et commença, petit à petit, à peser le pour et le contre des différentes matières.

---------ENTRE-DEUX-------

L’année avait filé à toute vitesse. Les cours, tour à tours amusants ou terriblement ennuyeux se succédaient dans une sorte de routine morose. Et puis virent les vacances, rayon de soleil vers lequel tous les élèves se précipitèrent. Alice faisait partie des seuls à trainer les pieds. Elle se sentait bien au château, et ne voulait pas spécialement retourner chez elle. Ses parents avaient prévu un tour de l’Islande à vélo. Quels parents avaient des idées pareilles, vraiment ? Alice avait tout essayé. Se faire mordre par une plante en botanique, se casser la cheville, tomber dans les pommes… Tout ce qu’elle avait récolté, c’était quelques séjours à l’infirmerie. Et puis, elle avait été forcée de partir.

//OOG : J'ai l'autorisation de toutes les personnes citées dans cette histoire. Ses frères et sœurs sont des PNJS, ainsi que ses parents et tous les membres de sa famille. Cette histoire n'est pas finie, mais je voulais déjà en poster le début, je fais la suite le plus vite possible :/
https://www.youtube.com/watch?v=vWN_LFk-u8M petite vidéo sur l'histoire d'Alice avec ma façon de voir certains personnages, ne mettez pas le son j'ai pas encore vraiment trouvé une bonne musique à mettre avec, et la qualité est=0 parce que c'est des assemblages de GIFS :3